Créer une personnalité: Micmac psychologique

Avant de vous lancer dans la création de votre récit, il s’avérera judicieux que vous soyez fixé sur un point qui ne peut attendre que vous ayez davantage avancé dans votre projet : la mise à bas de votre personnage principal.

Cela serait fort sympathique pour le développement futur de votre scénario que vous mettiez un point d’honneur à vous montrer quelque peu minutieux sur cette étape. L’air de rien elle se montrera cruciale pour la suite des événements, TOUTE l’intrigue va graviter autour de votre ou de vos PP (oui, je vais utiliser PP pour Personnage Principal, un peu la flemme voyez vous). Votre PP va vivre et surtout subir votre récit. Il va parfois progresser, parfois stagner, parfois échouer…. Mais avant de lâcher votre petit bonhomme dans la nature, il serait de bon aloi de faire un maximum connaissance avec lui. Et je ne vous demande pas là de me faire un résumé comme si vous veniez de rencontrer votre perso en speed dating… vous devez TOUT savoir à son sujet. Pas uniquement son nom et son âge, mais ce qu’il fait dans la vie, ses tics, ses obsessions, ce dont il a conscience ou non… tout. Si votre perso a brusquement la dalle à 3h du matin, vous devez savoir s’il préfère se contenir, se faire un petit encas ou s’il fonce presto au McDo du coin.

Mais je ne vais pas tourner plus longtemps autour du pot et lancer les hostilités dès maintenant en vous présentant LA formule. Oui, LA formule qui vous permettra de mieux connaître votre perso jusqu’à l’os… il s’agit du :

Y=F(X)

Article 1

C’est bon je vous ai tous récupéré ? Calmez vos ardeurs car nous n’allons nullement parler de maths mais bel et bien de création, même s’il va falloir faire preuve d’un petit peu d’esprit logique. Décarcassons ensemble le bestiau et vous verrez que ça n’a absolument rien d’insurmontable.

Y: L’identité à proprement parlé.

Il s’agit tout simplement du nominatif de votre personnage. Prénom, nom de famille si vous voulez en mettre un, ou même surnom si celui-ci est vraiment important (par exemple si le véritable patronyme de votre personnage est inconnu ou s’il est extrêmement connu de par son surnom, comme par exemple dans One Piece avec « Luffy au chapeau de paille »).

F: Son profil.

Le F fait plus ou moins office de carte d’identité à votre personnage. Dedans vous y mettez l’âge, les caractéristiques physiques (sauf ce qui est de l’ordre de l’accessoire ou des modifications corporelles : piercing, tatouage, coupe de cheveux etc ), ce qu’il ou elle fait dans la vie… Si vous vous lancez dans un récit fantaisie ou de SF précisez également à quelle « espèce » appartient votre PP (exemple : Elfe, fée, cyborg, ange, démon, etc…). Mentionnez également s’il possède un quelconque pouvoir, mais cela uniquement s’il s’agit de particularité innée (un pouvoir acquis sera davantage considéré comme une accessorisation du personnage, et sera donc rangé dans la même catégorie qu’un piercing ou un tatouage).

X: Sa psychologie.

Ah là on attaque le plus gros du morceau. Le « X » est représenté par un ou des éléments faisant vraiment la caractéristique du personnage. Cela peut être un accessoire, un tic, une manière de s’habiller, s’exprimer ou de bouger… cela peut être tout et n’importe quoi ! Cet (ou ces) attribut devra être récurrent dans votre futur scénario. Il permettra à votre PP de se démarquer des autres au cours du récit, de lui donner un côté attachant ou détestable, mais également de fixer son psyché.

Le rapport avec le psyché ? Pensez vous que le chapeau de Luffy, les cernes de L de Death Note ou le look de Hiruma dans Eyeshield 21 sont de l’ordre de l’anodin? Non, tous contiennent de par leur présence des informations sur la mentalité, les objectifs et surtout les faiblesses de ces personnages. Il va donc falloir creuser à partir de l’élément choisi. Pourquoi votre perso possède-t-il ce « X » ? C’est cela qui nous intéresse ! Ainsi il est de bon ton de méditer sur le sujet de cette manière !

Le X

La raison de l’existence du X

La conduite que le personnage adopte au quotidien par rapport à ce X

Problème latent créé par le X

Je me rends bien compte que tout ce que je raconte peut paraître un peu abstrait, et du coup j’ai prévu des exemples tirés de mes propres créations (crées au cours de ma formation) qui j’espère vous permettrons de comprendre le cheminement à parcourir.

Exemple 1 :

Raya

Y: Raya

F: 17 ans. Chasseresse. Peau mate, cheveux blancs, yeux dorés, oreilles pointues et queue en pointe. Appartient au peuple des Nassaï (un peuple que j’avais créé à l’époque)

X: Possède une chevelure tellement emmêlée qu’une souris y a élu domicile pour installer son nid

Elle passe plus de temps à s’entraîner pour améliorer ses capacités en tant que chasseresse plutôt que de prendre soin d’elle

Elle espère qu’en devenant une indispensable du village, les autres Nassaï lui seront constamment redevable

Elle a besoin du regard de ses semblables pour se construire une estime sur sa propre personne.

En résumé : C’est une fille manquant cruellement de confiance en elle et qui s’acharne à s’améliorer dans le but d’être le centre de l’attention de ses semblables.

Exemple 2 :

Sylphé

Y: Sylphé

F : 16 ans. Fils de bonne famille. Cheveux blonds, yeux bleus.

X: Joue du violon en improvisant, refuse catégoriquement de suivre une mélodie pré écrite

Il aime être libre de jouer ce qu’il lui plaît, plutôt que de contenter de suivre une partition

Pour lui, suivre un ordre pré établi, c’est renoncer à son indépendance et à son individualité.

Il pense agir en dehors des moeurs en adoptant un pseudo comportement de marginal, mais ne propose pas de réelle solution pour remplacer une société en dehors de laquelle il ne pourrait vivre.

En résumé : Sylphé se donne des airs de « Je m’en fous je fais ce que je veux de toute façon ce monde il est pourri » mais serait bien incapable de survivre en dehors de cette société qu’il conteste.

Exemple 3 :

Lullaby

Y: Lullaby

F: 18 ans. Travaille comme mascotte dans un parc d’attraction. Cheveux châtains, yeux verts, petite taille.

X: Porte pratiquement en permanence son costume de mascotte, même en dehors de ses heures de travail.

Une partie de son visage ayant été brûlée quand elle était plus jeune, elle se sert de son costume pour cacher ses blessures.

Elle compte sur son masque afin d’attirer la curiosité et la sympathie des gens, afin qu’ils aient de l’affection pour elle

Elle cherche à s’attirer l’empathie des gens qui se sont attachés à elle afin que ceux ci fassent preuve de pitié au moment où elle dévoile son vrai visage.

En résumé : Elle passe par des artifices pour se faire valoriser plutôt que de chercher à se faire apprécier pour ce qu’elle est.

Voilà, j’espère que les exemples vous ont permis de comprendre comment fonctionne le bousin. En général l’analyse se fait en trois temps, mais on peut la pousser encore plus loin si le cœur nous en dit ! Une fois votre «cheminement» terminé, vous touchez à ce qui fera tout l’intérêt de votre personnage, l’El Dorado de son développement psychologique: un problème à résoudre ! Vos possédez à présent une pierre de plus à poser sur les futures fondations de votre récit : ce qui fera la quête latente de votre personnage, ce qui lui permettra d’évoluer et de sortir grandis de l’aventure dans lequel vous allez le plonger.

Evidemment, il est parfaitement possible de se passer de la formule Y=f(x) pour travailler l’identité de votre personnage. Je trouve juste que cette méthode est plutôt bien pour débuter car elle présente un système de classification somme toute assez classique et donc qui permet de ne pas se perdre dans ses propres idées. Mais qu’importe la manière de s’attaquer au morceau, en principe si vous pouvez imaginer votre perso dans n’importe quelle situation sans trop d’effort (comme l’exemple de la fringale nocturne que je vous ai donné en début d’article) normalement il est mûr! Vous pouvez par ailleurs évidemment effectuer cette méthode avec les personnages secondaires. L’opposant de votre héros par exemple se doit lui aussi d’être traité avec doigté !

J’ai conscience que cela laisse peu de place à la spontanéité (quoi qu’à force de vous exercer avec le Y=F(X), vous pouvez spontanément créer des personnages avec une profondeur exploitable °^°) mais faites moi confiance, on peut tout à fait être à la fois réfléchis et créatif !

Et surtout… je vais pas vous mentir, j’ai fais cet article car j’en ai un peu marre de voir proliférer ce type d’OC (Original Character) :

Faut pas croire, en vrai j'aime bien les fanfictions °^°
Faut pas croire, en vrai j’aime bien les fanfictions °^°

4 réflexions sur “Créer une personnalité: Micmac psychologique

  1. Article intéressant; étant donné que je suis entrain d’écrire le scénar d’une BD, j’ai commencé à faire des fiches de persos. La personnalité, c’est ça qu’est dur !

    Caresse et sucrerie

    Mos

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    1. Ca me fait très plaisir de savoir que cet article peut t’aider °^° si tu as la moindre question n’hésite pas, j’ai eu énormément de mal à me montrer concise en rédigeant cette article, il y a teeeeellement de chose à dire sur le sujet mais je ne voulais pas que ça devienne trop lourd…
      Bonne chance pour ton projet!

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  2. Magnifique !

    C’est plutôt un gros morceau cette partie dis-donc.
    La partie fan-fiction m’a fait bien rire, mais en même temps qui n’a jamais crée un personnage aux allures parfaites ? :p

    Pour L, moi j’aurais plutôt opté pour sa manière d’être. ( façon de s’asseoir par exemple qui donne un air sympa au personnage même si finalement tu viens de me faire rendre compte que les cernes de L sont plutôt cohérentes avec son personnage.)

    En tout cas, c’est un article très intéressant !

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    1. L est à part car il a plusieurs X x) les cernes, la posture, la manière de s’alimenter, cela forme un tout! Cependant j’ai opté pour les cernes car niveau du charadesign je trouve que ça le définissait pas mal et donc c’était le plus parlant x) mais sa posture est également a retrouvé dans son analyse psychologique, en effet!
      Et ravie que l’article t’ai plu!

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