Quand on est comme moi et qu’on a pour mauvaise habitude de s’éparpiller dans ses activités, il n’est pas rare que de finir une chose qu’on avait pourtant commencée il y a de cela au grand minimum une dizaine de mois…
C’est avec cet état d’esprit que j’écris ce nouvel article que j’ai au final bien fait d’oubl… euh de garder bien au chaud car je le trouve très d’actualité.
Eh oui mes amis car ce soir c’est la veille de Noël ! Ah la bouffe à tire-larigot, les sapins scintillant de mille feux, les cadeaux par milliers, la famille rassemblée… quoi de mieux que cette période si chaleureuse pour vous conter une histoire parlant d’inceste !
Eh non il ne s’agit pas du mot « insecte » mal orthographié (déjà le rapport entre Noël et les insectes je vous le demande) on va bel et bien parler de sordides affaires de famille. Sans plus tarder parlons du conte Peau d’Âne !
C’est donc parti pour le résumé de la version de Charles Perrault !
Là ça va être le passage un peu chiant donc si vous connaissez déjà l’histoire, vous feriez mieux de passer presto à la suite !
Suite au décès de sa femme, le roi du royaume où se déroule notre intrigue est résolu à épouser sa fille, seule demoiselle qui à ses yeux puisse posséder une beauté égalant celle de la défunte. Etrangement la jeune fille n’est pas des masses emballée par la nouvelle et va demander de l’aide à sa marraine la bonne fée. Cette dernière utilise toute sa puissance magique pour… conseiller à sa pupille de sollicité au roi en guise de dot des présents absolument impossibles à obtenir. Ainsi seront demandés une robe de la couleur du ciel, puis une de la couleur de la Lune, et enfin une dernière aussi flamboyante que le soleil lui même. Les trois vêtements seront présentés au grand dam de la triste fiancée. La fée (qui ne semble toujours pas se rappeler qu’elle possède des pouvoirs magiques) enverra donc sa filleule demander à son père et futur époux de lui offrir en dernier présent la peau de l’âne qui fait la fortune du royaume (pour la faire courte : il expulse de l’or par le trou… du cul. Voilà voilà… j’ose même pas imaginer si dans Game of Thrones une maison avait eu pour emblème l’âne chieur d’or.). Toujours amoureux, le roi fait abattre la bête et offre la dépouille à sa fille. La fée se rend compte qu’au final la situation lui échappe quelque peu et utilise ENFIN ses pouvoirs magiques pour… permettre à la princesse de fuir le royaume tout en emportant avec elle les trois robes (conservées dans un coffre magique qui pourrait rappeler celui de Discworld) et tout en étant affublée de la dépouille de la pauvre bête.
Mouais… on t’a pas présenté la plus fine des fées à ton baptême ma pauvre petite.
La suite c’est un peu Cendrillon version port de la fourrure obligatoire. Elle vit comme servante au sein d’un autre royaume dans la saleté et la cendre, supportant sans rechigner les blagounettes de ses collègues de galère qui ne trouve pas la dépouille d’âne à la pointe de la mode. Alors pour se rappeler qui elle est (c’est à dire une princesse dont la beauté à rendu flagada le paternel) chaque nuit elle se pare d’une de ses robes, un plaisir de courte durée puisqu’elle retourne dans la crasse dés l’aube. Tu parles d’un effet placebo. Vint un jour où le prince (ah ben oui, y’a une princesse faut un prince, CQFD) du royaume assista par accident à l’un des défilés de mode nocturne de la belle et tomba sous son charme. Le lendemain, il découvrit le vrai visage de sa belle. Y reconnaissant sous la peau de bête sa potentielle chère et tendre, il demanda à ce que cette servante lui fasse… un gâteau (la base pour pécho). La princesse déchue, une fois seule dans sa chambre, s’habillera de l’une de ses toilettes de princesse et se mit à la confection du gâteau (car évidemment quand on fait une activité aussi salissante que la cuisine, les tenues haute couture sont de très bon aloi). Cependant elle fit, par le plus grand des hasards, tomber dans la pâte l’un de ses anneaux et continua sa préparation sans y prêter attention.
Quant à la suite… Le prince trouve l’anneau, déclare qu’il n’épousera que la donzelle pouvant l’enfiler, toutes les filles à marier du Royaume essayent mais seule Peau d’Âne pourra l’enfiler, ils se marièrent, le père de Peau d’Âne lui même invité aux noces se répand en excuses, excuses acceptées, tout le monde est content, fin.
Bon, pour l’analyse je ne vais pas trop m’étendre car je vais parler de sujet que j’ai déjà pas mal abordés dans l’article sur Cendrillon. Une fois de plus nous avons une héroïne passive qui ne prend aucune décision par elle même (toutes ses prises de risque sont dictées par sa marraine et ses INCROYABLES capacités magiques) et subit tout ce qui lui tombe dessus sans chercher à influer sur sa propre destinée. On a également la même idée de la protagoniste qui se voit sortie de ses ennuies grâce à son dressing haut de gamme, un peu à l’instar de Cendrillon avec les tenues qu’elle porte au bal du prince.
Je trouve que dans Peau d’Âne ce côté « je laisse le monde entier me prendre pour ses chiottes publiques mais c’pas grave j’suis trop cruche pour tenter de m’en sortir par moi même » (on devrait appeler ça « le Syndrome Princesse Sarah ») est encore plus prononcé que dans Cendrillon. Dans ce dernier, la déchéance de Cendrillon fait partie de son background et nous n’en sommes pas directement témoin ce qui minimise l’impact. Pour Peau d’Âne en revanche, deux gravures de Gustave Doré ont même immortalisé la dégringolade sociale de la donzelle, l’une représentant la fuite de la princesse du château de son père, et l’autre la montrant s’en allant dans la nuit avec sa Peau d’Âne et son coffre magique.
Ayant eu l’occasion d’étudier ces fameuses gravures lors de mes cours de littérature au lycée, l’une d’entre elle, celle de la fuite du château, m’a paru particulièrement de circonstance pour traiter le sujet de Peau d’Âne en dessin. Offrant au spectateur une ambiance sombre et des plus hostiles, la gravure présente l’environnement dans lequel la princesse a grandit comme étant devenu une potentielle menace, comme si le désir de son père était omniprésent autour d’elle.
Non mais regardez moi ça… le ciel, le château… même la plante semble vouloir lui faire des choses pas très claires à la pauvre donzelle. Quoi vous ne me croyez pas ? Non mais regardez mieux.
Ben voilà, qu’est-ce que j’vous disais (désolée M. Doré… c’est la deuxième fois que je vous fais le coup l’air de rien…).
On m’a demandé pourquoi je n’avais pas mis sur papier l’inceste du père de manière plus claire dans mon illustration, mais il faut savoir que Gustave Doré n’a à aucun moment directement représenté le roi s’approchant de sa fille la bave aux lèvres et a montré plus de subtilité dans le traitement de ce tabou et ça fonctionne extrêmement bien. De plus comme vu avez pu le voir, Peau d’Âne est par rapport aux autres contes que j’ai illustré un récit assez complexe et je savais que je n’allais pouvoir traiter qu’une scène pour représenter l’ensemble du récit… et la scène de la fuite dans l’escalier me semblait aller de soit !
Vous devez commencer à me connaître et vous savez que j’aime bien prendre les choses à revers. Je l’ai fait avec Le petit chaperon rouge, Blanche-Neige et Cendrillon… et je n’ai pas manqué à mes habitudes avec la demoiselle à la peau de bête !
J’ai donc totalement inversé le message et la composition de la gravure. Peau d’âne n’y dévale plus les escaliers afin de fuir mais grimpe les marches. Elle n’est pas effrayée mais déterminée. Les plantes (ah les vilaines) qui voulaient s’en prendre à elles ont été tranchées et surtout… ni souillon ni princesse ne se trouve dévoilée sous la Peau d’Âne. TU VOIS LA BONNE FEE ? TU VOIS ?! C’est ça qu’il fallait faire ! Lui apprendre à affronter la vie façon Mulan, pas à marchander sa virginité ! Alors maintenant donne à ta pupille une tenue vraiment utile à mettre dans son coffre à la Discworld afin qu’elle puisse RÉGLER SES COMPTES AVEC SON PATERNEL ! TU AS DES P*TAINS DE POUVOIR MAGIQUE TU POUVAIS PAS LES UTILISER POUR AU MOINS LUI FORGER UNE CULOTTE AVEC UN CADENAS MAGIQUE ?! Et t’es une fée non ? T’aurais pas eu une copine nymphe à présenter au roi tellement bonne qu’il en aurait aussitôt oublié sa fille ? Non ? C’EST TELLEMENT MIEUX DE DEMANDER À FAIRE BUTER UN ÂNE QUI N’A RIEN DEMANDÉ.
Fée en papier mâché.
Bon… j’avoue que si on fait un gros raccourci, remplacer « Fuis pour sauver tes fesses » par « Quand t’es pas d’accord avec quelque chose, règle le à coup d’épée, en plus c’est fun, ça fait SPLORTCH » c’est pas forcément ludique. Mais ne vaut-il pas mieux se relever les manches pour tenter de garder indemne sa dignité plutôt que de partir se rouler dans la boue en attendant que les choses s’arrangent d’elle même ? Sujet à débattre.
D’ailleurs avec du recul c’est marrant mais… un personnage qui est dévoré par son passé, qui agit la nuit, qui a vu sa famille déchirée et qui possède un costume d’animal… ça ne vous rappelle pas quelqu’un ?
Blague à part, j’espère que ce petit conte façon coin du feu la veille de Noël vous aura bien plu, et je vous souhaite à tous une très bonne indigest… euh de très bonnes fêtes de fin d’année ! On se retrouve dans deux jours pour un article qui sera vous le verrez, plutôt à part !
Eh mais c’est chouette, cette analyse de conte ! *fan de contes justement*
Tu devrais essayer de lire ceux de Madame d’Aulnoy (c’est elle qui a créé le terme « conte de fée » à la base), il y en a où la « princesse » s’en sort bien niveau débrouille au bout de quelques pages (genre « L’Oiseau Bleu », enfin je crois que c’est lui ?).
Sinon, ben, en même temps, les femmes n’étaient pas considérées comme des personnes indépendantes à cette époque (« Toi tu dois te marier, sinon t’es une sorcière ! » en gros). Même dans certains contes du XX ème siècle (coucou Gripari !) c’est toujours la fille qui se fait sauver à la fin. Difficile de sortir des stéréotypes on dirait…
Une question : vas-tu aussi traiter de certaines scènes de mythes connus ? (genre « L’Odyssée » ou « Le chevalier de la charette »)
En tous les cas je suis fan du concept !
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Hello!
Alors je n’ai traité que 5 contes: Cendrillon, Peau d’âne, Blanche-Neige, le chaperon rouge et le chat botté (qui n’a pas encore eu son article <_<) et vu que les articles ne sont qu'une manière de compléter les séries d'illustration que je fais (et je doute revenir sur cette série d'illu que j'ai fini depuis mars dernier) je pense que l'article sur le Chat sera le dernier :0. Donc je pense que pour ma culture personnelle je vais continuer d'en lire (je prends note de ce que tu m'as conseillé) mais je doute sérieusement qu'il y aura des articles dessus. De plus, je vais bientôt devoir commencer une nouvelle série d'illu pour la prochaine expo que je dois faire et le thème sera totalement différent, donc il me faudra me consacrer à ce sujet et laisser les contes de fée de côté 😡
E sinon, mes articles sont en effet à lire avec l'oeil d'une femme "moderne". Et comme je l'ai dis à la fin de mon article sur Cendrillon, au final les héroïnes des contes ne sont pas aussi cruche qu'on ne l'imagine puisqu'avec un peu de recul on se rend compte que leur opportunisme leur permet de survivre et n'est pas mal venu moralement parlant. C'est juste que je trouvais amusant de confronter la vision que l'on avait de la femme à l'époque avec celle d'aujourd'hui x) c'était d'ailleurs le but de cette série d'illu (qui il faut savoir, a été réalisé pour la journée de la femme).
Ensuite pour ce qui touche à la mythologie (même si je suis très fan de mythes et de légendes) ce n'est absolument pas au programme. Mais cela étant un sujet qui m'intéresse je ne peux pas dire qu'il est exclu que je m'y atèle un jour.
Voilà j'espère avoir répondu à tes interrogations =0
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