Monter un projet manga pour les nuls.

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En ce moment je jongle entre pas mal de projet ( enfin… je jongle CONTINUELLEMENT entre plusieurs projets. Je suis quelque peu maso ! ). Cependant il y en a bien un qui occupe une place importante aussi bien dans mon esprit que dans mon planning, et pour cause puisqu’il s’agit clairement de ce que je peux qualifier de « projet manga ».

Bon c’est là que vous vous dites  » Ca y est, elle nous balance des infos nébuleuses comme quoi elle pond un projet mais ne nous en dit pas trop à nous pauvres mortels histoire de bien nous faire mariner pour qu’on manifeste un semblant d’intérêt pour son travail ! « .

Et bien que nenni! Cet article n’a pas pour but de vous faire un quelconque vile teasing, mais plutôt de vous parler de comment je m’y prends pour travailler mes projets!

Vous êtes vous déjà posé des questions sur le travail qui précède la composition des planches? En quoi consiste la partie écriture? Est-ce que celle-ci se réduit à tout ce qui touche au scénario? Est-ce que l’on peut faire du manga si l’on ne sait pas dessiner? ( ne rigolez pas, on m’a souvent posée cette question, et elle est loin d’être bête! ).

Je vais donc rédiger une série d’article qui vont avoir pour office de vous narrer sans prétention et de manière concise comment créer un projet manga! Evidemment, tout ce que je vous dirai sera une version extrêmement réduite de ce que j’ai appris au cours de ma formation, une sorte d’échantillon gratuit de ce que j’ai pu y découvrir. Cependant ne considérez pas ce qui suivra comme une série de formule magique qui fera de vous le prochain Akira Toriyama ou le Eiichiro Oda de la génération à venir. Il vous faudra beaucoup de pratique, des heures et des heures d’entrainements et de la patience à foison, et même avec la meilleure volonté du monde, ça ce n’est pas moi qui pourrait vous le faire fournir.

Mais vous verrez, c’est avant tout super fun!

Ah et avant que j’oublie, si le métier de mangaka vous intéresse, je vous recommande fortement le « Manuel du mangaka débutant » de Kaori Yoshikawa. C’est de ma sensei, alors c’est de la qualité!

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Et je vous dois la vérité… il arrive qu’entre deux projets, je me permette quelques libertés… ne me jugez pas.

Blanche-Neige: Scintillante et solide tel le diamant

Blanche-neige

Blanche-Neige, avant d’être le premier long-métrage d’animation de Walt Disney, était un conte dont la version la plus connue nous provient des frères Grimm. Pour ceux qui depuis le début de leur existence vivaient dans une caverne, un garage ou un cabanon au fin fond de l’Amazonie (je ne vous juge pas), je vais faire un rapide petit résumé de l’intrigue !

Blanche-Neige est une princesse victime de l’orgueil de sa marâtre, malade de jalousie à la simple idée que sa belle-fille soit plus agréable à contempler qu’elle, son miroir magique l’ayant désigné jusqu’à présent comme étant la plus belle femme du royaume. Grâce à la philanthropie du chasseur qui était chargé par la reine d’éliminer la princesse, cette dernière pu prendre la fuite dans les bois. Elle fera halte dans la chaumière de sept nains qui l’hébergeront, en échange de quoi la jeune fille se chargera de l’entretien du foyer.
Cependant, la reine découvrira le pot aux roses. Travestie en vieille femme, elle tentera à trois reprises d’attenter à la vie de la belle princesse. Elle y parviendra au troisième essai, faisant croquer la jeune fille dans une pomme empoisonnée. Elle mouru sur le coup. Fous de chagrin, les sept nains battirent un cercueil en verre, exposant le corps inanimé sur une colline.
Vint alors un prince qui tomba instantanément amoureux de la princesse « endormie ». Il parvint à convaincre les nains de le laisser emmener la belle défunte dans son royaume. En route, l’un des porteurs royaux perdit l’équilibre, et le cercueil alla s’écraser au sol, le choc propulsant le morceau de pomme empoisonné hors de la gorge de la princesse (hey non, pas de bisou d’amour sincère!). Elle fût accueilli à son réveil par le prince qui lui demanda sa main, ce qu’elle accepta en toute logique.

Et enfin, mon passage préféré que Disney n’a pas voulu adapter à l’écran (on se demande bien pourquoi) :
Si Blanche-Neige et son prince avaient participé à 4 mariages pour une lune de miel, ils auraient sûrement eut le maximum de point pour l’animation… la marâtre dansant avec des chaussures en fer chauffées au rouge jusqu’à ce que mort s’ensuive, ça devait être du plus bel effet !

Bref, Blanche-Neige est un conte pouvant présenter plusieurs morales. L’une d’entre elles est portée par la marâtre, dont le refus de céder le relais à sa belle-fille mène à sa fin tragique. L’autre est représentée par la princesse éponyme, sa facilité à céder à la tentation finie par la mener à la mort, même si elle est sauvée par l’arrivée du prince nécroph… euh fou amoureux. De plus, Blanche-Neige ne tire pas de leçon de ses erreurs. La première fois la reine la piège en lui proposant de beaux lacets avec lesquels elle va serrer le corset de la jeune fille jusqu’à l’étouffer, la seconde fois elle la peignera avec un peigne empoisonné (…sérieux ?) et puis vint la pomme… Se faire poutrer par un lacet, un peigne et une pomme… dur.

Beaucoup voit dans ce conte une métaphore de la petite fille cherchant à devenir adulte, elle doit alors faire face à un antogoniste qui cherche à stopper de force le bon déroulement de sa puberté. Les sept nains garderaient Blanche-Neige à l’abri dans leur chaumière afin qu’elle puisse se développer correctement. Donc à toutes ces desmoiselles qui souhaitent devenir des femmes dés leur 14 ans… sachez que ce n’est pas en postant des selfies avec la bouche en cul-de-poule sur les réseaux sociaux que vous deviendrez des femelles fécondables, mais en restant à la maison à faire le ménage pour ces messieurs qui en retour vous entretiendront ! Succès GARANTI !

Bref, l’idée est là : la princesse quitte le château de sa belle-mère en enfant et rejoint le château du prince en femme, comme si la chaumière des nains lui avait fait office de chrysalide. Et le tout en croquant une pomme couleur rouge, rouge comme… décidément les conteurs font vraiment une fixation sur les petits soucis mensuels des dames…
Rien de bien étonnant, cet espèce de rituel initiatique est extrêmement récurent chez les contes de fée et se conclut la plupart du temps par le mariage de la belle.
Pour le coup, je vais mettre de côté le prince, le miroir et la reine… et me concentrer sur le point qui m’a le plus interpellé dans ce conte. La période de « gestation » de Blanche-Neige qui précède les offensives de la marâtre ainsi que la relation entre Blanche-Neige et ses petits hôtes !

Les réécritures de ce conte traitent d’ailleurs généralement du rapport Blanche-Neige/Nains. Dans la série Once Uppon a time, les nains jurent allégeance à la belle et deviennent ses hommes à tout faire. Dans le manga Ludwig Revolution, l’odieuse princesse Blanche se laisse entretenir par les nains qui restent silencieux devant ses mauvais traitements, bien trop impressionnés par sa beauté. On a également le cas du dessin animé Blanche-Neige la suite… mais… allez voir sur Wikipédia, vous comprendrez mieux.
Et alors arrive ma réécriture favorite… celle que l’on peut retrouver dans le clip du groupe Rammstein : Sonne. On y voit une Blanche-Neige tyrannique, allumeuse, violente. Bien consciente d’être une idole pour les nains, elle se permet de les asservir, s’offrant même la liberté de les battre avec amour si ces derniers reviennent avec un piètre butin de leur travail minier. Bref, je ne vous en dis pas plus mais je vous conseille VRAIMENT ce clip (et puis je plaide coupable, Rammstein est mon groupe favori, et j’avais donc très fortement envie d’évoquer l’existence de ce clip vidéo…).

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Blanche-Neige domine les nains dans le clip du groupe Rammstein.

Le clip de Rammstein me permet de faire une bonne transition sur le boulot des nains : la mine de diamant (qui d’ailleurs n’est une mine de diamant que depuis la version de Disney, dans le conte de Grimm il est juste dit que les nains vont extraire du minerai dans la montagne). C’est elle qui m’a permis de faire ma propre réadaptation du conte. Ce dernier parle de puberté ? De rituel de passage vers la vie d’adulte ? Mais franchement, est-ce que c’est dans son petit cocon confortable qu’est la chaumière qu’elle va apprendre à devenir une femme ? Est-ce que c’est en lavant les slips sales des nains qu’elle a apprit la vie ? Et si elle avait fait autre chose que récurer le sol en chantant avec les petits oiseaux, peut-être aurait-elle davantage fait face à la réalité de la vie et que le moment venue face à la belle-mère, elle se serait montrée moins naïve.
Puis sans vouloir faire preuve de misandrie… franchement les nains, vous vous emmerdez pas. « Tiens une grognasse épleurée demande l’asile ? Cool on va enfin pouvoir arrêter de faire les tâches ménagères ! Après tout nous, on est burnés, si on peut se passer de faire un taff de gonzesse, on va pas se gêner ! ».

Eh bien non ! Alors maintenant Blanche, tu me dégages tes jupons et tu vas chercher une pioche. Quant à vous les nains, en rentrant du boulot ça sera partage des tâches domestiques entre la demoiselle et vous. Grâce à Disney je sais que votre rapport avec la saleté est quasi fusionnel, mais quand on accueille une dame de haut rang, on fait un effort !

Plus que grandie, je voulais que Blanche-Neige soit émancipée, qu’elle fasse face aux difficultés de la vie. Si les services qu’elle rend au nain en échange de leur hospitalité sont tout à fait louables, cet enfermement lui fait totalement occulter les dangers du monde extérieur, la rendant encore plus crédule et docile.
Ensuite il va de soit que je ne conseillerai pas à une ado d’aller extraire des diamants dans une mine pour apprendre la vie ( même si… Diamonds Are a Girl’s Best Friend ♪ ) mais avouez qu’une princesse qui abandonne ses franfreluches pour aller se salir à la mine aux côtés de ses bienfaiteurs afin d’entrer à son tour dans la vie active, ça impose le respect !

Bon ensuite… j’ai quand même voulu lui laisser quelques éléments propres à l’univers des princesses Disney. Le petit ruban sur le côté des lunettes de protection, l’oiseau perché sur la cage (à savoir que les mineurs emmenaient des oiseaux avec eux dans les mines, ainsi lorsque l’animal cessait de chanter, cela leur indiquait qu’ils devaient remonter à la surface au plus vite afin d’éviter un coup de grisou), la pomme représentant le passage de Blanche-Neige vers la maturité… on parle d’une princesse après tout, certains symboles et habitudes ont la vie dure !

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